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94 UyKE II. LÀ FAMILLE.

Le père est le premier près du foyer; il l'ail ame et Fentr*- tient; il en est le pontife. Dans tous les actes religieux il rem- plit la plus haute fonction; il égorge la victime; sa bouche pro- nonce la formule de prière qui doit attirer sur lui et les siens \dL protection des dieux. La famille et le culte se perpétuent par lui; il représente à lui seul toute la série des descendants. Sur lui repose le culte domestique ; il peut presque dire comme l'Hindou : C'est moi qui suis le dieu. Quand la mort viendra, il- sera un être divin que les descendants invoqueront. ' La religion ne place pas la femme à un rang aussi élevé. Il est vrai qu'elle prend part aux actes religieux, mais elle n'est pas la maîtresse du foyer. Elle ne tient pas sa reli- gion de la naissance; elle y a été seulement initiée par le ma- riage; elle a appris de son mari la prière qu'elle prononce. Elle ne représente pas les ancêtres, puisqu'elle ne descend pas d'eux. Elle ne deviendra pas elle-même un ancêtre ; mise au tombeau, elle n'y recevra pas un culte spécial. Dans la mort comme dans la vie, elle ne compte que comme un membre de son époux.

Le droit grec, le droit romain, le droit hindou, qui déri- vent de ces croyances religieuses, s'accordent à considérer la femme comme toujours mineure. Elle ne peut jamais avoir un foyer à ells, elle n'est jamais chef de culte. A Rome, elle reçoit le titre de mater familias, mais elle le perd, si son mari meurt*. N'ayant jamais un foyer qui lui appartienne, elle n'a rien de ce qui donne l'autorité dans la maison. Jamais elle ne commande; elle n'est même jamais libre ni maîtresse d'elle- même, sut juris. Elle est toujours près du foyer d'un autre, répétant la prière d'un autre; pour tous les actes de la vie religieuse il lui faut un chef, et pour tous les actes de la ▼ie civile un tuteur.

La loi de Manou dit : « La femme, pendant son enfance, dépend de* son père; pendant sa jeunesse, de son mari ; son mari'mort, de ses fils; si elle n'a pas de fils, des proches pa-

��I. FMtw, éd. Maller, p 12S : Mat«rfamUi» iMn «tU dieOMtwr qmmm <^i> . ht* pttterfamiUts dictuê «ttet..., N«e viina hoe nomine appellari poteaU

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