Page:Fustel de Coulanges - La Cité antique, 1864.djvu/326

Cette page a été validée par deux contributeurs.
314
LIVRE IV. LES RÉVOLUTIONS.

ditaire pendant plusieurs siècles[1]. À Cyrène les descendants de Battos réunirent d’abord dans leurs mains le sacerdoce et la puissance ; mais à partir de la quatrième génération on ne leur laissa plus que le sacerdoce[2]. À Corinthe la royauté s’était d’abord transmise héréditairement dans la famille des Bacchides ; la révolution eut pour effet de la rendre annuelle, mais sans la faire sortir de cette famille, dont les membres la possédèrent à tour de rôle pendant un siècle.

4o Même révolution à Rome.

La royauté fut d’abord à Rome ce qu’elle était en Grèce. Le roi était le grand-prêtre de la cité ; il était en même temps le juge suprême ; en temps de guerre, il commandait les citoyens armés. À côté de lui étaient les chefs de famille, patres, qui formaient un Sénat. Il n’y avait qu’un roi, parce que la religion prescrivait l’unité dans le sacerdoce et l’unité dans le gouvernement. Mais il était entendu que ce roi devait sur toute affaire importante consulter les chefs des familles confédérées[3]. Les historiens mentionnent, dès cette époque, une assemblée du peuple. Mais il faut se demander quel pouvait être alors le sens du mot peuple (populus), c’est-à-dire quel était le corps politique au temps des premiers rois. Tous les témoignages s’accordent à montrer que ce peuple s’assemblait toujours par curies ; or les curies étaient la réunion des gentes ; chaque gens s’y rendait en corps et n’avait qu’un suffrage. Les clients étaient là, rangés autour du pater, consultés peut-être, donnant peut-être

  1. Pausanias, II, 19.
  2. Hérodote, IV, 161. Diodore, VIII.
  3. Cic., De republ., II, 8.