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souvenirs d’une actrice.

un seul jour, une heure ; ma mère sera si heureuse de te voir. Personne ne saura que tu es parmi nous : déguise-toi de manière à n’être pas reconnu. »

Il vint donc, malgré les tristes pressentiments de sa femme qui n’osait entièrement s’y opposer, connaissant sa tendresse pour sa mère. Hélas ! il fut reconnu par un misérable qui avait été au service de sa famille. Dénoncé, arrêté, il fut condamné sur la simple identité de son nom[1]. Qui aurait pu croire que le fils du défenseur de Verdun périrait sur un échafaud ? On voit, dans la lettre qu’elle m’écrivait à l’occasion de son mariage, qu’une idée vague de malheur la poursuivait comme une seconde vue.

Cet événement me causa un bien vif chagrin, mais je ne l’appris que longtemps après ; car l’on n’osait pas écrire sur de semblables sujets. La jeune comtesse alla en Italie. Je n’ai pu savoir depuis ce qu’elle est devenue. L’on était tellement dispersé qu’on était souvent surpris de retrouver vivante une personne que l’on croyait morte.

  1. Il ne partit qu’en 1792.