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souvenirs d’une actrice.

— Fort bien, si tout cela pouvait se faire en parlant, mais en chantant ! — Tu verras, tu verras, l’amour rend capable de tout. — Mais l’amour ne fait pas chanter ceux qui n’ont pas de voix !

Fabre court chercher la partition, et le voilà essayant son quart-d’heure. On baisse le ton, cela n’allait pas trop mal ; d’ailleurs il se fiait sur le dialogue, qui est assez important : un comédien médiocre dit mieux qu’un chanteur habile. Le jour arrivé, il redoubla de courage. Ses costumes étaient superbes. Comme il était fort aimé des jeunes gens, ils l’applaudirent. Quand vint le fameux quart-d’heure, il trouva moyen, pendant la première ritournelle, d’instruire la jeune personne de la moitié de son projet, et, pendant la seconde, de le lui dire tout à fait. On peut penser avec quelle expression il chanta :


Tombez, tombez, rose charmante.


C’était au point que le chef d’orchestre était sur les épines, et tremblait qu’il n’en perdit ton et mesure. Tout fut convenu entre eux ; il enleva la demoi-