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leur dam (interrompit Collantine) ! Pourquoy plaident-ils, ces miserables, s’ils ne sont pas bien fondez ? Fondez ou non (adjousta Charroselles), les uns et les autres se ruinent également, témoin une emblesme que j’ay veuë autrefois de la chicane, où le plaideur qui avoit perdu sa cause estoit tout nud ; celuy qui l’avoit gagnée avoit une robbe, à la verité, mais si pleine de trous et si déchirée, qu’on auroit pû croire qu’il estoit vestu d’un rezeau : les juges et les procureurs estoient vestus de trois ou quatre robbes les unes sur les autres.

Vous estes bien hardy (luy dit Belastre en colère) de décrier ainsi nostre mestier ? Si j’avois icy mes sergens, je vous ferois mettre là bas en vertu d’une bonne amande que je vous ferois payer sans déport. Je le décrie


pour la défense de la ville, les portes cochères durent fournir chacune un cavalier, tandis que les portes ordinaires ne devoient qu’un fantassin. On lit à ce propos dans le Courrier burlesque de la guerre de Paris :

Le mardi (12 janvier 1649), le conseil de ville
Fit un reglement fort utile,
Savoir, que pour lever soldats,
Tant de pied comme sur dadas,
L’on taxeroit toutes les portes,
Petites, grandes, foibles, fortes ;
Que la cochère fourniroit
Tant que le blocus dureroit
Un bon cheval avec un homme,
Ou qu’elle donneroit la somme
De quinze pistoles de poids,
Payable la première fois ;
Les petites, un mousquetaire,
Ou trois pistoles pour en faire.

(Pièces à la suite des Mémoires du cadinal de Retz, Amst., 1719, in-12, t. 4, p. 270.)