Page:Furetière - Le Roman bourgeois.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le monde des catalogues des livres qu’il a tous prests à imprimer, et il se vante d’avoir cinquante volumes manuscrits67 qu’il offre aux libraires qui se voudront charitablement ruiner pour le public. Mais comme il n’en trouve point qui veüille sacrifier du papier à sa reputation, il s’est advise d’une invention merveilleuse. Il fait exprès une satire contre quelque autheur ou quelque ouvrage qui est en vogue, s’imaginant bien que la nouveauté ou la malice de sa pièce en rendront le debit assuré ; mais il ne la donne point au libraire qu’il n’imprime pour le pardessus quelqu’un de ses livres serieux. Avec ces belles qualitez, cet homme s’est fait un bon nombre d’ennemis, dont il ne se soucie gueres, car il hayt tout le genre humain ; et personne n’est ingrat envers luy, parce qu’on luy rend le


pés au haut du mont Saint-Hilaire, à l’embranchement des rues des Sept-Voies et des Carmes, tout près du clos Bruneau et de ses écoles. Le Puits-Certain étoit un puits banal, construit vers 1660, au carrefour de la rue Saint-Jean-de-Beauvais et de la rue Saint-Hilaire (qui en avoit même pris le nom pendant quelque temps), par Rohert Certain, curé de Saint-Hilaire, et, plus tard, principal du collége de Sainte-Barbe. (Piganiol, Descript. hist. de Paris, t. 6, p. 20.) — Les libraires avoient surtout afflué dans ce quartier depuis que, par arrêt du 1er avril 1620, ordre avoit été donné « à tous imprimeurs de se retirer au dessus de Saint-Yves (rue des Noyers), avec défense de tenir imprimerie et presse en tout autre lieu, sur peine de la vie. » (Registres du Parlement, à sa date.)

67. Furetière exagère ici. Gui Patin dit seulement : « Il a encore plus de vingt volumes à faire, et voudroit bien que tout cela fût fait avant de mourir ; mais il ne peut venir à bout des imprimeurs. »