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VIE

de plus de quarante ans, où il n’épargna ni soins ni veilles, et pour lequel il ne craignit pas de dépenser des sommes considérables. En effets rien n’est plus propre que le spectacle que Froissart met continuellement sous les yeux de ses lecteurs, à leur inspirer l’amour de la guerre, cette vigilance industrieuse, qui, toujours en garde contre les surprises, est sans cesse attentive à surprendre les autres, cette activité qui fait compter pour rien les peines et les fatigues, ce mépris de la mort qui élève l’ame au-dessus de la crainte des périls, enfin cette noble ambition qui porte aux entreprises les plus hardies. Il fait passer en revue tous les héros que produisirent pendant près d’un siècle, deux nations guerrières, dont l’une était encouragée par des succès aussi flatteurs que continus, et l’autre, irritée par ses malheurs, faisait les derniers efforts pour venger, à quelque prix que ce fût, son honneur et son roi. Dans un si grand nombre de faits, dont plusieurs furent extrêmement glorieux à l’une et à l’autre, il n’était pas possible qu’il ne s’en rencontrât quelques-uns d’une nature toute différente. Froissart ne s’est pas moins attaché à peindre ces derniers, afin de donner autant d’horreur pour le vice[1], qu’il inspirait d’amour pour la vertu. Mais

  1. Froissart ayant employé le chapitre 14 de son quatrième livre à faire l’histoire d’Aimerigot Marcel, fameux chef de bandits qui