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DE JEAN FROISSART.

Amère mort,
Et je imagine bien fort
Le gens corps et le bel deport
La manière et le doulc ressort
Ma dame quoie,
Je prenc en moi grant reconfort,
Et m’est vis que j’auroie tort
Se par cause de desconfort
Je m’occioie

Lanscelos, Tristrans, Lyonnel,
Porrus, le Baudrain, Caffiel,
Paris, et tamaient damoisel
N’ont pas esté
Amé pour seul dire : « il m’est bel
» Dame c’or prendés ce chapel
» Et me donnés sans nul rappel
» Vostre amisté.
Nennil ; ains en ont bien livré
À grant martire leur santé,
Et maint y ont, ains qu’estre amé
Laissié la pel.
Or sui-je lies en vérité
Et prenc la mort en grant chierté
Quant je ai compagnon trouvé,
Il m’est moult bel.

Au mains ne puis-je morir seuls,
J’ai des compagnons plus de deus ;
Mès en fin de mon plaint piteus
Je te delivre,
Amours, tous mes fais temporeus,