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DE JEAN FROISSART.


Comme elle fait les beaus gardins d’Égypte.
Son doulc véoir grandement me proufite ;
Et pour ce, est dedens mon coer escripte
Si plainnement :

Que nuit et jour en pensant je recite
Les grans vertus de quoi elle est confite ;
Et di ensi : « Li heure soit benite
» Quant pour moi ai tele flourette eslitte,
» Qui de bonté et de beauté est ditte
» La souveraine ; et s’en attenc mérite,
» Se ne m’y nuist fortune la trahitte,
» Si gandement

» Qu’onques closiers, tant sceuist sagement,
» Ne gardiniers ouvrer joliëment,
» Mettre en gardin pour son ébattement
» Arbres et flours et fruis à son talent,
» N’ot le pareil de joïe vraïement
» Que j’averai, s’eure le me consent. »
De ce penser mon espoir fait présent
Un lonc termine ;

Et la flourette en un lieu cruçon prent,
Où nourie est d’un si doulc élément
Que froit ne chaut, plueve, gresil ne vent
Ne li poënt donner empècement ;
Ne il n’i a planette ou firmament
Qui ne soit preste à son commandement.
Un cler soleil le nourist proprement
Et enlumine