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Méliador

Entre ses mains, et cilz li donne,
Qui moult douchement l’araisonne
En disant : « Souffres .i. petit.
« Cil fremillet sont moult jolit ;
12255 « Prendés des quelz que vous volés.
« Il en y a a l’autre lés,
« Qui ne sont mies de ce tour ;
« Je ne les porte fors que pour
« Jones fillettes de .xii. ans ;
12260 « Et s’en y a de plus pesans,
« Et qui sont de plus grant argent.
« Vous les manoiiés si tres gent,
« Et par si courtoise maniere,
« Que pucelle ne camberiere
12265 « N’i saroit avenir vers vous.
« Tout ce ou il git miulz vos gous,
« Si le me tournés d’une part.
« Je crois assés, ains mon depart,
« Que nous en serons bien d’acort. »
12270 Dist Hermondine : « A mon grant tort
« Seroit voir, se je n’acatoie ;
« Car pour quoi vous estes en voie
« De vendre et avés esté hui ? »
Respont Melyador : « Ce sui
12275 « Certes, dame, et m’est grant mestier
« Que je vende, car en dangier
« Sui d’argent et vous en avés,
« Par quoi mes jeuelès arés.
« Or me dittes, par vo merci,
12280 « S’il vous plaist cose qui soit ci. »
— « Oïl, mestres, sachiés de voir. f. 90 d
« Je voel ces fremillès avoir
« Et ces anelès d’une pille.
« Foy que vous devés a vo ville,
12285 « Metés y fuer ou vo raisons
« Y soit gardée, et nous aions