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Méliador

« Car il y a trop grant regart.
11910 « Pensés vous qu’e[lle] soit au large ?
« Nennil, voir ; mais, se je l’encarge,
« Vous y parlerés temprement.
« G’i cuide tel attemprement
« Mettre et si tres bonne ordenance,
11915 « Que vous irés sans cognissance
« Ou manoir ou elle demeure,
« Et arés et loisir et heure
« De li veoir bien et en pais,
« Com pesans que vous soit li fais. »
11920 Et quant Melyador l’entent,
Si demande : « Et, compains, comment
« Se pora ce par raison faire ? »
— « Bien », dist cilz, « il est necessaire
« C’on sace des tours a le fois.
11925 « J’en sçai des bons et des courtois
« Qui vous venront moult bien a point. »
Dist Melyador : « Sus ce point
« Voel je tres volentiers entendre ;
« Or le me di lors sans attendre. »
11930 Et Lansonnès la li devise
La maniere de la devise :
« Sire », dist il, « premierement,
« Il nous fault cangier voirement
« Nostre abit, il n’est mies doubte,
11935 « Et prendre une ordenance toute
« Et l’estat de .ii. marcheans,
« Cotes a plois larges et grans. »
Et Melyador li demande,
Qui de ce a joie trop grande
11940 Et qui en voelt savoir la gise :
« Lansonnet, de quel marchandise f. 88 b
« Nous vorrons nous dont entremettre ? »
Et cilz, qui bien entent la lettre,
Respont : « Ensi que jeuelier