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Méliador

En reprendant la tierce lance.
De bien jouster font grant samblance,
Et je croi que point n’en faurront
Les chevaus esporonnés ont,
11225 Qui eurent recouvré alainne.
Cescuns feri a lance plainne
Son compagnon en mi l’escu,
Par tel force et par tel vertu, f. 83 a
Sans l’un l’autre point espargnier,
11230 Mais en desir d’yaus mehagnier.
Il samble qu’il doivent entrer
Dedens l’un l’autre a l’encontrer. [1]



Melyador, qui fu de corps
Bien joustans et de membres fors,
11235 Ables, legiers et remuans,
Tout ensi com ce fust uns vans,
Fent la targe a son adversaire.
Li haubregons ne li peut faire
Nul garant qu’il ne le perçast,
11240 Et qu’en char il ne l’atouchast
Telement, que, dedens .iii. mois,
Ne sera sains de ses anois,
Car la pointe acerée et froide,
Avoech la lance qui fu roide,
11245 En l’espaule li met tout ens,
Et le boute par si grant sens
Et par ordenance si belle
Qu’il le fait partir de la selle.
Jus l’abat dessus la terrée :
11250 La lance a la pointe acerée
N’est point brisie de ce cop.
Mes messires Balastres trop

  1. 11232 l’autre, B l’autrer.