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Méliador

Or esçou raison que je voelle
Perseverer de Phenonée.
21070 Sa cousine, toute ordenée, f. 155 c
Est hors de le courtine issue
Et a la fenestre venue
Ou Phenonée s’apoioit,
Qui li dist ensi quant le voit :
21075 « Cousine, vous avés oÿ,
« Ensi que j’ay, cest homme ci,
« Qui dist que c’est li chevaliers
« Que je veï si volentiers
« Tournoiier par devant Tarbonne,
21080 « Et adonques a l’eure bonne
« Je cuidai que ce fust mes freres.
« Mais non fu, car puis les materes
« En seuch moult bien par Lyonniel,
« Mon chevalier au corps isniel,
21085 « Qui m’en raporta le certain.
« Qu’en dittes vous ? M’i puis jou grain
« Apoiier, que ce soit li rouges
« Chevaliers, qui n’est pas harouges,
« A che que je sui enfourmée,
21090 « Mais homs de tres grant renommée,
« De hardement et de proece ?
« J’ai moult bien mestier c’on m’adrece
« Ou chemin de moy consillier. »
Adont s’ala apparillier
21095 Luciienne de dire ensi :
« Certes, cousine, j’en sui si
« Esmervillie, au dire voir,
« C’a painnes m’en puis jou ravoir.
« Et toutes fois, je mac en place :
21100 « Il n’est cose qui ne se face.
« Cilz chevaliers poroit moult bien,
« Par son sens et son grant engien,
« Avoech Amours qui le conseille,