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Méliador

« Li pointres, et se dist que nulz
« Ne nulle, tant soit de parage,
20860 « Ne vera fors vous son ouvrage.
« Se dist il que c’est bonne cose. »
Et Phenonée, qui point n’ose
Tenir la parole en secré,
Pour servir sa cousine a gré,
20865 Dist ensi : « Or va, et l’amainne. »
Celle se part, et sa germainne f. 154 a
Fait Phenonée a brief parler
Dedens une gourdine aler,
Et li dist : « Tenés vous droit la,
20870 « Car cilz de l’autrier revenra ;
« Ja est il en ceste maison. »
Adont li dist sus quel raison
Sa camberiere estoit venue.
Luciienne qui se remue
20875 De son pas, sans point de response,
En une gourdine s’esconse.
Evous Agamanor qui vient
Et ce qu’il porte en sa main tient.
Si salue biel Phenonée
20880 Et celle, com bien ordenée,
Son salut li rent doucement.
A Valiienne dist : « Va t’ent.
« Laisse nous ci, moy et ce mestre. »
Elle se part ; au lés senestre
20885 S’est trais. Aghamanor, en l’eure,
En parlant grandement honneure
Phenonée la et l’encline
Et dist : « Ma dame, a bonne estrine,
« Je vous rapporte .i. peu d’ouvrage,
20890 « Le quel j’ai fait de bon corage,
« Car voir il me touche moult fort. »
Phenonée, qui oultre bort
Estoit courtoise et gratïeuse,