« Quant elle dist que pour son frere
« Elle est de l’ardant dart attainte.
« J’ay oÿ parolle tamainte,
« Mais onques n’oy la parelle
« Et fault bien que je me conseille
« Comment je m’en porai chevir ;
« Car a ce que je puis veïr
« Ce n’est pas pour l’amour de moy,
« Quoi que preus je fuisse au tournoy,
« Qu’elle est entrée en tel matere ;
« Ce n’est que pour l’amour son frere
« Qu’elle cuida adont veoir ;
« En moy ne puis apercevoir
« Nulle raison qui m’esjoïsse,
« Car se j’entendoie et veïsse
« Que Phenonée, pour m’amour,
« Euist tel painne et tel dolour,
« J’en seroie moult courouciés f. 147 d
« Et aucunement radreciés,
« Car je viveroie en espoir
« Que ce me poroit moult valoir ;
« Siques briefment sus cest afaire,
« Bertoulès, je n’en sçai que faire.
« Se tu y vois de moy plus cler,
« Se le me voelles remoustrer. »
dont s’avisa Bertoulès
Et respondi, par mos exprès :
« Mon signeur, par saint Symeon,
« Vous y metés assés raison,
« Et se vous faisiés une cose
« Voires, se dire le vous ose. »
— « Quel cose ? oïl, hardiement,
« Ne m’espargne nesunement
« Que tu ne me dies tout voir. »
Page:Froissart - Méliador, tome 2.djvu/318
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
314
Méliador