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Méliador

« Et pourveü de grant confort,
« Et se nomment en leurs escris
« Messires Housagre et Panfris. [1]
« Sire, » ce dist li escuiers,
18785 « On doit vous enfourmer premiers.
« Se Diex vous avoit tant donné
« D’eür et a ce ordonné
« Que vous les peuissiés conquerre
« Et par la entrer en leur terre,
18790 « Ce seroit pour vous honneur haute. »
Melyador respont sans faute :
« Amis, j’en ferai mon pooir,
« Car j’en voel cognissance avoir.
« J’ai ja par .ii. fois ou par .iii.
18795 « Oÿ parler de ces Irois,
« Et dist on que si rude sont
« Que nul compte de nous ne font,
« Mais, a men espée et ma lance, f. 138 d
« J’en vodrai avoir cognissance.
18800 « Ou je demorrai en la painne,
« Ou leur nature tres villainne
« Ferai je muer en honneur.
« Moult m’anoie de ten signeur,
« Quant je le voi en ce parti. »
18805 A ces mos, d’illuec se parti
Melyador sans plus attendre,
Qui voelt d’ore en avant entendre
A chevaucer devers Irlande.
Ce soir jut il sus une lende
18810 Et desous .i. biau vert buisson.
Je ne sçai mies la muison
Comprendre, mes moult estoit biaus,
Et entent le chant des oisiaus
Qui chantoient toute la nuit ;

  1. 18783 Housagre, B Honsagre.