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Méliador

« Dittes quel cose vous volés
16895 « Et je le ferai vraiement,
« A mon pooir tout prestement. »
— « Damoiselle, je sui cilz voir,
« Puis que tant vous en fault savoir,
« Qui fu anten en vo chastiel,
16900 « A cui vous donnastes l’aniel. » f. 124 d
— « Et ou est il ? » — « Il est ou doy
« De celle pour qui je le doi
« Mieus amer, assés que pour mi :
« Pas n’a granment que je l’i vi. »
16905 Adont Florée se reprent,
Qui par ses parolles aprent
Que c’est la li bleus chevaliers :
« A ! » dist elle, « doulz sires chiers.
« Aventure ci vous amainne,
16910 « Et s’avés hui eü tel painne
« De tournoiier trestout le jour,
« Sans avoir noient de sejour.
« Comment le poés vous porter ? »
— « Dames », dist il, « au deporter,
16915 « Avoech vous et vostre cousine,
« Porteroiie bien a l’estrine
« Plus grant painne que ne soit ceste. »
Florée adont baisse le teste
Et dist tout bas : « Alons, alons.
16920 « Longement droit ci ne parlons.
« Nous arons bien ailleurs matere
« De parler en cambre plus clere
« Que ne soit ceste voie sombre ;
« Mais tout de gret ay pris cel ombre
16925 « Pour parler a vous en requoi. »
Dist Melyador : « Bien le croi.
« Vous estes sage et bien couverte,
« Et au besoing assés ouverte
« Pour faire toutes riens a point.
16930 « Sur tout ce, je ne pense point. »