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Méliador

Car il est durement navrés.
Melyador li alosés
S’en est venus de celle part ;
15820 Piet a terre met, et a part
S’est trais par devers Sansorin.
Se li demande en son latin :
« Chevaliers, dittes, comment va ? »
Et adont Sansorins parla,
15825 Car pas n’estoit a mors ferus,
Et dist : « Je sui droit si cheüs
« Tout bleciés, si com vous veés.
« J’ai esté trop mal enfourmés,
« Quant onques je joustai a vous ;
15830 « Mais ensi se portoit mes gous,
« Se le me couvient comparer.
« A ce tournoy poés aler
« Sans moy, ne point vous n’avés garde
« Que le pris qu’Ermondine garde,
15835 « Je le vous doie calengier.
« J’en ay assés pour ce quartier
« De l’an, et tout au mieulz venir. »
Et quant ensi le peut oïr
Melyador, se li respont :
15840 « Chevalier, ensi li fait vont
« Et les guerres, il n’est pas doubte.
« Or, metés vostre entente toute
« A vous garir, je vous en pri ;
« Car, pour verité je vous di,
15845 « Je seroie moult courouciés
« Se de ce mehain vous moriés,
« Et me dittes a ceste fie
« Se vous volés avoir aÿe. f. 117 a
« S’ensi est, je vous presterai
15850 « Mon varlet, saciés le pour vrai. »
Respont Sansorins : « Grans mercis !
« Nennil. Mes varlès, ce m’est vis,