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Méliador

Prent errant, et s’arme en grant haste.
Quant il est armés, il se taste,
Et se sent en point et de taille,
14820 Ce dist, pour faire la bataille ;
Presentement n’a cure a cui.
A son varlet dist : « J’ai moult hui
« Desiret a trouver sus place
« .I. chevalier d’encontre. Or place
14825 « A Dieu que si bien m’en aviegne f. 109 c
« Que combatre a lui me couviegne ;
« Car j’ay fait .i. trop lonch sejour,
« Ne saroie dire le jour,
« Qu’il me couvenist traire espée. »
14830 Ensi cilz, qui point ne s’effrée,
Parolle a par lui et devise.
Or vous dirai de la devise
Dou chevalier qui vient vers li :
C’est chilz qui le corps a joli
14835 Que sa sereur a mis en voie,
Et en ce nom elle l’envoie
Pour savoir s’on veroit son frere.
Cilz chevaliers, c’est cose clere,
Estoit tous blans, par ma sambla[n]ce ;
14840 Mais dessus sa senestre mance
Une targe vermeille porte.
En la targe, qui n’est pas forte,
Mais d’argent ouvrée, par m’ame,
A escript une blanche dame :
14845 Nous dirons le blanch chevalier.
Cilz chevaucoit sans escuier,
Car point n’est chevaliers de queste.
Laciet le hÿaume en la teste,
La targe au col, ou poing la lance,
14850 S’en vient par tres bonne ordenance
Par dessus le chevalier bleu,
Qui ne l’a ressongniet c’un peu.