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Méliador

Qui me tiennent compaignie,
Sans riens penser fors a joieuse vie,
Car mes amis aime l’onneur de mi,
Dont je le doi bien tenir pour ami.

9735 Et si fai jou, et l’ainme en bonne foy,
De coer loyal, sans penser nul faus tour, f. 72 a
Et plus que tout le monde je le croi
Certainnement, et ains de boine amour.
Sans faire ja departie,
9740 Se li serai ferme et loyal amie.
Faire le doy, car tout bien sont en li,
Dont je le doy bien tenir pour ami.

Ce me fait vivre en lïece et en foy,
Ce me fait vivre en joie et en baudour,
9745 Ce me fait vivre en espoir sans anoi,
Dont je fais en plaisance mon demour,
Par doulz voloir qui me lie
De bien amer, voir, coi que nulz en die,
Mon doulz ami qui m’a toutdis servi,
9750 Dont je le doi bien tenir pour ami. [1]



Quant Florée la damoiselle
Eut escript ceste baladelle,
Elle le ploia en biaus plois
Et en la lettre, ce fu drois,
9755 Le mist, et laiens l’encloÿ,
Et puis si le perça parmi,
Et frema tout a son devoir
Et seela, sans lui mouvoir
De sa cambre, bien et a point.
9760 Quant la lettre fu en ce point,

  1. 9750 bien tenir, B bien pour tenir.