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Méliador

9665 « 
Tres chiere et amée cousine,
« Vraie amour, qui toutdis m’encline
« A vous amer et honnourer,
« Voet que je vous voelle moustrer
« De mon estat trestout le voir. f. 71 c
9670 « Cousine, vous devés savoir
« Que fortune et bonne aventure,
« Par la proece et la grant cure
« Dou chevalier au soleil d’or,
« Que pas ne sçai nommer encor,
9675 « Nous ont de Camel apaisié,
« Dont j’en senc mon coer mieus aisié,
« Plus liet et en plus grant reviel.
« Ossi font cil de mon chastiel,
« Et pour tant le vous segnefie,
9680 « Ma chiere cousine et amie,
« Que j’ai espoir que ces nouvelles
« Vous seront voir plaisans et belles,
« Et ensi en est avenu
« Que pluiseurs fois en ay tenu
9685 « Parlement a vous et a moy.
« Cousine, sachiés par ma foy,
« Cilz chevaliers qui conquis l’a,
« C’est cil qui a la Garde ala
« Et qui y conquist l’esprivier,
9690 « Pour avoir corps de chevalier
« Si preu que onques n’i eut tel.
« Chiere cousine, en mon hostel,
« L’ai eü environ .i. mois,
« Car Camelz c’on dist de Camois
9695 « Le navra moult grief par bataille,
« Mais onques je ne vi, sans faille,
« Nul chevalier de tel arroi.
« Certes, ma cousine, je croi
« Qu’il passera des aultres route,