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De la composition de Méliador

l’exception de Sagremor, aucun des personnages qui jouent un rôle un peu important dans son poème ne figurait dans les romans français. Est-ce à dire que Froissart ait composé de toutes pièces le Meliador et qu’on ne saurait trouver en ce livre aucun élément traditionnel[1] ? Ce n’est pas notre avis. Il y a lieu de croire, en effet, que, lors du premier séjour qu’il fit en Angleterre et en Écosse, au cours de l’an 1365, l’auteur a recueilli quelques données légendaires dont il aura fait son profit.

À première vue, on serait tenté de croire que le nom de Signandon, ou mieux Signaudon, sous lequel Froissart désigne la résidence la plus ordinaire du roi d’Écosse Hermont est simplement emprunté aux romans antérieurement composés en France, mais il est à remarquer que si les anciens romans français connaissent une ville royale de Senaudon, ils en font bien expressément la capitale du royaume de Galles[2], ce qui a conduit

  1. Il est à peine utile de dire que nous n’attachons aucune importance au « livre » ou à « l’escripture », allégués par Froissart à diverses reprises ; c’est là un artifice commun à la plupart des romanciers français du moyen âge.
  2. On lit, en effet, dans le roman du Bel Inconnu (édition Hippeau) :

    3358 Gales a non ceste contrée,
    Dont je suis roïne clamée ;
    Et ceste ville par droit non
    Est apelée Senaudon.
    ....................
    3364 C’est de mon roiaume li ciés ;
    III roi tienent de moi lors fiés.

    La capitale est encore nommée Senaudon au vers 382 du même