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À les voir cheminer par les routes, paisibles,
Doux et les yeux fixés sur leurs pensers de feu,
On eût dit qu’ils suivaient des anges invisibles
Ou quelqu’un de ces beaux rêves intraduisibles
Que la main de la Nuit sème au fond du ciel bleu.

Il ne se disaient rien pendant ces longs voyages,
Laissant l’amour couler de leurs cœurs à grands flots,
Mais parfois s’asseyaient sous les sombres feuillages
Et, rapprochant encor leurs mains et leurs visages,
Pleuraient l’un contre l’autre avec de grands sanglots.

Un soir ils sont venus dormir sous l’ombre verte ;
Et quand, le lendemain, sous le soleil de feu
Ils se sont vus encor dans la forêt déserte,
Pour la première, fois leur bouche s’est ouverte,
Mais c’était pour se dire un éternel adieu.