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Elle continuait sa route
Dans la noirceur de la forêt,
Comme un songe qui disparaît
Et qu’encor de loin on écoute.

J’entendais le bruit de ses pas
Dans les herbes pleines de pierres ;
Et j’ouvrais tout grand mes paupières,
Mais je ne l’apercevais pas.

Alors la nuit des froids décembres,
L’âpre et funèbre isolement,
Me reconquit et, lentement,
Lentement, monta dans mes membres.

Je voyais la Mort se dresser
Et, ne me sentant plus près d’elle,
Dans la terre où croît l’asphodèle
Mon douloureux corps s’enfoncer ;

Et je sentais dans l’air sonore
Qui m’effleurait d’un grand baiser
Lentement mes bras se croiser
Et lentement mes yeux se clore.