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5IM KANT.

Le Rig-veda represente Kanada , assure-t-on, comme livr6 aux plus rudes mortifications ; et son perc etait illustre pour la connnaissance approfondic qu’il avail des livres saints. Un disciple de Kanada, nommo Mougdala, joue aussi un role assez important dans les legendes religieuses et heroiques de I’lndc. Pour fairc connaitre le systeme de Kanada, M. Ward a pris la peine de donner une traduction d’un commentairc intitule Veheshikd Sotiira Poushhara. De quelle epoque est CO commenlaii’e ? Quel en est I’auleur ? Reproduit-il fidelement la doctrine originale ? En quoi I’altere-t-il ? Voila ce que M. Ward n’a point dit, et CO comraentaire, tel qu’il le donne, peut a bon droit parailre suspect. Le systeme alomistique s’y montre ardemment deiste : il engage une longue polemique pour prouvcr, au nom de Kanada, rexislence do I’esprit et ccllc do Dieu parfaitement distincte et scparee de la matiere. D’un autre cote, il soutient que les atoraes sont increes. Cette derniere opinion seml^le en contradiction avec I’idee momc de Dieu J el M. Ward no semble pas avoir remarquc cette discordance si grave. D’autre part, Colebrooke ne nomme pas ce commenlaire parini ceux dont il a fait usage ou dont il connait le nom. Ceci ne vonl pas dire precisement que ce comraentaire n’est pas authentique ; seulcment il convienl de s’cii defier jusqu’a preuve nouvellc, el il no seniil pas prudent de s’en rapporter a lui pour bien juger des idees de Kanada.

Ainsi done, les donnees qui nous ont ete transmises sur le sou ! systeme alomistique de la pliilosophie indienne so reduisent a Ires-peu de chose , el nous n’en saurons vraiment davantage que qoand les soutras originaux auront ete publics et traduits. Le nom de Kanada ne doit point cependant elre omis dans une liisloire de la philosiqjliic qui pretend a elre complete, el voila pourquoi nous avons du Ic menlionner ici. Voijez q& articles Puilosopiiie des Lndiens el VkisCshika. B. S. JL

KANT (Emmanuel) naquit à Kœnigsberg le 21 avril 1724. Sa vie, tout entière consacrée à la méditation et à l’enseignement, s’écoula tranquille et pure au sein de celle ville. Elle fut celle d’un penseur et d’un sage. Aucun événement remarquable ne troubla le calme de cette existence tout intellectuelle, et cette fois la persécution ne s’acharna point contre un grand philosophe. Mais si la vertu de Kant ne fut point soumise à de trop rudes épreuves, s’il ne paya ni de son sang, comme Socrate, ni de son repos, comme Descartes, les services qu’il rendit à l’esprit humain, il ne fut pas moins homme de bien qu’homme de génie. La bonté de son caractère le fait aimer autant que le fait admirer la grandeur de son esprit. On se plait avoir cette union si rare des qualités du cœur et de l’esprit. C’est là ce qui fait l’intérêt de la biographie de Kant, si vide d’ailleurs d'événements. Et puis aussi, cette existence si simple et si régulière forme avec la grandeur du rôle du philosophe un contraste qui surprend et qui charme.

Nous ne pouvons ici ni raconter la vie ni peindre le caractère de Kant ; mais nous devons au moins en tracer une esquisse. Nous indiquerons en même temps ceux de ses écrits qui ont précédé la Critique de la raison pure, c'est-à-dire l'avénement de la philosophie kantienne. Quant aux