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TRIANON.

agreste et sauvage rendait plus douce celle dont on jouissait de la troisième façade du château et où, comme en Italie, l’œil découvrait, parmi les fleurs et les lauriers, le temple de l’Amour. Une magnifique statue du sculpteur Bouchardon représentait ce dieu dans toute la beauté de l’adolescence, taillant dans une pièce de bois l’arc qui lui sert à percer les cœurs. Le Sénat possède aujourd’hui cet élégant morceau.

Les autres endroits remarquables de cette charmante habitation étaient un salon octogone en marbre, aussi élégant que commode pour l’exécution d’un concert, et une grotte dont la disposition a fourni trop de matière à la méchanceté pour que je puisse me dispenser d’en dire un mot ici.

Au fond d’un petit vallon ombragé d’arbres épais s’élevait une masse de rochers agrestes où se perdait, en bouillonnant, un ruisseau qui faisait mille détours dans une prairie émaillée de fleurs. C’était en suivant les sinuosités de son cours et par plusieurs détours qu’on parvenait à l’entrée d’une grotte si obscure que les yeux, d’abord éblouis, avaient besoin d’un certain temps pour découvrir les objets. Cette grotte, toute tapissée de mousse, était rafraîchie par le ruisseau qui la traversait. Un lit, également en mousse, invitait au repos. Mais, soit par l’effet du hasard, soit par une disposition volontaire de l’architecte, une crevasse, qui s’ouvrait à la tête du lit, laissait apercevoir toute la prairie, et permettait de découvrir au loin tous ceux qui auraient voulu s’approcher de ce réduit mysté-