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GUIDE DU BON SENS

dit que les frelons se donnent des airs d’abeille ; on pourrait remarquer également nombre d’abeilles qui affectent d’être des frelons.

POLYDOXE. — N’est-ce pas qu’à l’origine, le travail apparaît comme une punition ? Si pour nous punir, on nous oblige à travailler, la paresse est une récompense.

EUDOXE. — N’avez-vous jamais entendu des travailleurs chanter en travaillant ?

POLYDOXE. — C’est peut-être pour oublier qu’ils travaillent.

EUDOXE. — Il y a la satisfaction de la tâche accomplie.

POLYDOXE. — Lorsqu’elle est accomplie précisément, et que l’on n’a plus rien à faire.

EUDOXE. — Cela seul peut nous procurer une satisfaction réelle, qui aura produit un résultat réel ; le propre de la paresse est qu’elle ne produit rien, qu’elle est sans résultat.

POLYDOXE. — Vous avez parlé de frelons et d’abeilles ; vous avez oublié la mouche du coche ; c’est une laborieuse ; nierez-vous qu’elle ne se donne beaucoup de mal et ne besogne dur ? Pour quel résultat ?

EUDOXE. — Je vous accorde qu’il y a des travailleurs maladroits, inutiles ; mais la paresse, elle, est toujours inutile ; il y a de bons et de mauvais travailleurs ; les paresseux ne sont pas bons ou mauvais, ils sont les paresseux.

POLYDOXE. — Plutôt que de faire mal ce que