Page:Franc-Nohain - Guide du bon sens (1932).djvu/75

Cette page a été validée par deux contributeurs.

74

GUIDE DU BON SENS

de jolies femmes et par des hommes élégants qui n’étaient pas des avares.

POLYDOXE. — Un avare, il est vrai, aussi bien que le précieux métal, entassera dans son coffre ou cachera dans sa paillasse des titres, des actions et obligations qui ne sont que papiers, mais papiers, au demeurant, pour la plupart, ornés de vignettes, non moins ingénieuses et délicates que celles des timbres-poste, chers aux collectionneurs.

EUDOXE. — Le collectionneur et l’avare ne sont pas, en effet, sans quelques traits communs, et le trésor de l’avare peut être comparé, sans invraisemblance, avec telle collection de pipes, je suppose, que leur propriétaire ne fume jamais (peut-être même a-t-il horreur du tabac ?) ou de livres rares qui ne seront jamais ouverts.

POLYDOXE. — Voulez-vous dire que le collectionneur commet un péché comparable à celui l’avare ?

EUDOXE. — Je veux dire seulement qu’ils n’ont pas plus de bon sens l’un que l’autre. Mais la lourde culpabilité de l’avare réside d’abord dans sa méchanceté ; on peut considérer qu’en général le collectionneur est inoffensif ; l’avare, lui, est un méchant homme, et, je l’ai indiqué, un homme dangereux. On a tort de présenter la prodigalité comme le contraire de