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EUDOXE. — Je dis seulement qu’Harpagon ne l’a pas volé.
POLYDOXE. — Si Harpagon avait spontanément autorisé son fils à puiser dans sa précieuse cassette, qui sait si celui-ci n’en eût pas trouvé le contenu d’une valeur insuffisante et médiocre ? Ne prétend-on pas que les enfants du pélican, nourris par leur père de ses propres entrailles, se récrient et protestent contre la monotonie du menu ?
EUDOXE. — Il faudrait savoir si le pélican agit ainsi par économie ou par avarice, et s’il ne cherche pas dans ses propres flancs déchirés une nourriture qui, à la longue, doit sembler, en effet, un peu monotone et jusqu’à l’écœurement, uniquement pour ne pas aller à la pêche, ou plutôt au marché, échapper aux exigences des marchands de comestibles, — les moindres denrées sont hors de prix !… — et supprimer tous frais d’entretien dans son ménage…
POLYDOXE. — Il faut ce qu’il faut : encore un proverbe !
EUDOXE. — À quoi cet autre réplique : que faut-il pour être heureux ? Un peu d’or !
POLYDOXE. — Un peu, par le temps qui court, ce n’est pas beaucoup.
EUDOXE. — Beaucoup et plus encore, c’est ce que répond l’avare, mais pas seulement par le temps qui court, et sans autrement se préoc-