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GUIDE DU BON SENS

gue chemise de nuit, devant son armoire à glace, elle s’appliquait à imiter de son mieux, et au cheval près, bien entendu, les bonds et les pas, tous les entrechats, les attitudes et les mines des belles écuyères.

EUDOXE. — A-t-elle cessé, maintenant qu’elle est devenue, comme vous dites, une vieille dame très convenable ?

POLYDOXE. — Je n’en jurerais pas. Mais le certain, c’est que, toute sa vie, elle a dû regretter de n’avoir pas été une belle écuyère dans un cirque.

EUDOXE. — Combien de vieux messieurs très convenables eux aussi, qui se sentaient une âme d’explorateur ou de chef de brigands, ou plus simplement de chanteur de café-concert ou de danseur mondain ! Ici encore le bon sens intervient pour recommander à celui qui ne peut avoir ce qu’il désire, de se contenter de ce qu’il a : celui qui ne peut être danseur ou chanteur se contentera d’entrer à l’École Polytechnique, comme celle qui ne peut être écuyère s’est probablement contentée d’épouser un chef de bureau.

POLYDOXE. — Mais si la femme du chef de bureau continue à être envieuse de l’écuyère, et si le chanteur de café-concert continue de rendre terriblement envieux le polytechnicien ?

EUDOXE. — Ce n’est pas parce que l’on a en-