Page:Franc-Nohain - Guide du bon sens (1932).djvu/67

Cette page a été validée par deux contributeurs.

66

GUIDE DU BON SENS

haute, où le petit chien, moins souple, ne pouvait le suivre, et autour de laquelle il se mit à tourner et japper, assez penaud et curieux surtout de ce que le chat pouvait bien faire sur cette table, où, tout en haussant le museau, il ne parvenait à rien entrevoir que le chat lui-même installé au milieu. Et il n’y avait rien, en effet, que le chat sur la table ; mais à voir les bonds du chien, impatients et maladroits, à entendre ses jappements inquiets, jaloux et misérables, le chat pensa sans doute : « Toi, je vais te rendre jaloux pour quelque chose !… » Et de feindre que la cuisinière avait oublié là, ou posé tout exprès, un mets délectable dont il affectait de se régaler, avec un grand bruit satisfait de langue et de babines, au nez du chien déjà gavé d’une pâtée excellente, mais qui ne pouvait supporter l’idée que son ami le chat se régalât sans lui.

POLYDOXE. — Charmante nature !

EUDOXE. — Le chien ?

POLYDOXE. — Non, le chat, cher Eudoxe. Pour ce qui est du chien, qui vous dit que ce qu’il enviait à son camarade narquois, c’était sa part de ce régal imaginaire, et non pas seulement sa souplesse, — c’était ce que le chat feignait d’avoir trouvé sur la table, et non pas seulement d’avoir pu sauter dessus ?

EUDOXE. — C’était de l’envie tout de même.

POLYDOXE. — Plutôt une espèce de regret