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GUIDE DU BON SENS

les gens vertueux n’oseront guère présenter l’éloge de la vertu, pour peu qu’ils aient à préserver une réputation de brillants causeurs, qui n’est sans doute pas incompatible avec la vertu, mais avec son éloge.

Et s’il est vrai que l’on pratique les péchés plus encore que l’on n’en parle, et qu’ainsi, pour s’en défendre, on n’aurait pas besoin d’en parler, s’il arrive que les péchés capitaux servent de thème à une conversation de boudoir ou de fumoir, ce sera toujours, bien plutôt que sous la forme d’un réquisitoire, qui paraîtrait banal et fade, pour présenter leur défense et illustration.

Ainsi agit-on, sans même que l’on s’en rende compte, par orgueil, qui est, nous le répéterons toujours, le pire ennemi du bon sens, et, précisément, le premier nommé des péchés capitaux.


I — L’ORGUEIL

POLYDOXE. — N’est-il pas le plus orgueilleux des hommes, cher Eudoxe, celui qui croit avoir toujours raison ?

EUDOXE. — Voilà, cher Polydoxe, une pierre dans le jardin du bon sens. Mais est-ce donc