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Les hommes tâchent d’améliorer, de renforcer leurs muscles pour courir plus vite ; et la plupart des machines qu’ils inventent, c’est dans le but d’atteindre le plus rapidement possible à la distance la plus éloignée.

Le bon sens assiste avec impatience à ces expériences et à ces tentatives saugrenues ; si loin, si vite que nous nous serons avancés, — et puis après ? Nous serons bien avancés !

Nous avons exploré, d’un rythme sans cesse accru, les régions de la terre les plus reculées ; nous avons réussi à nous élever dans les airs, et à nous enfoncer dans les eaux ; à travers les flammes mêmes, nous sommes capables de nous élancer et de progresser.

Eh bien ! désormais qu’allons-nous faire ? Va-t-il falloir créer un cinquième élément pour qu’il nous soit un prétexte à des records nouveaux ?

Notez que l’aboutissement de tous ces records, ce n’est même pas une curiosité satisfaite, une difficulté vaincue : c’est un chiffre. Toute la volonté persévérante des hommes, et ce qu’ils poursuivent sous le nom de progrès, est moins qualitatif, que quantitatif, ou, pour parler plus simplement, se ramène à un énoncé d’arithmétique.

L’arithmétique, au total, domine les hommes ; ils espèrent, ils s’efforcent, ils travaillent, ils triomphent pour l’arithmétique.