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GUIDE DU BON SENS

s’est ému et a pris ombrage, a été comme la plupart des réputations fausses, établie après coup, par ricochet, par intermédiaire, et par le récit de ses excès.

Un amour raisonnable, qui s’y intéresse ? Aussi bien, lui-même ne demande qu’à n’intéresser personne, c’est-à-dire personne d’autre que le couple directement intéressé.

Et parce qu’il n’est rien de plus raisonnable que d’aimer, et qu’un homme et une femme n’ont sans doute, raisonnablement, rien de mieux à faire, pour dresser contre l’amour le bon sens et la raison, il a donc fallu que l’on créât de toutes pièces, en effet, une image déraisonnable, une image insensée de l’amour.

L’amour, comme il est toute raison, est toute joie, toute allégresse. Or, il n’a plus été question que de ses peines, que de ses chaînes, que de ses tourments, de ses tortures et de ses maux.

Lorsque le bon sens dit : « Aimez qui vous aime ! » en quoi se montre-t-il l’ennemi de l’amour ? L’ennemi des peines d’amour, ce qui est bien différent.

Oui, le bon sens ne veut pas que l’on souffre d’amour, et ce faisant, ne défend-il pas ce qui est, ce qui devrait être l’essence même, le caractère essentiel de l’amour ? Car l’amour n’a pas reçu mission de faire souffrir les hommes par les femmes, ni les femmes par les