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GUIDE DU BON SENS

dit cet autre : alors il n’est qu’un niais ou un hypocrite.

— Je n’aime pas à entendre vanter avec cette emphase les joies du retour ; vous n’aviez qu’à ne pas partir ; ou si, pour goûter le commerce de certaines gens, la possession de certaines choses, il vous faut d’abord les avoir quittés, ce ragoût de l’absence, que vous proclamez ainsi nécessaire, n’est sans doute pas très flatteur pour eux, ni très rassurant.

— Celui qui est allé partout, où voulez-vous que son imagination l’emmène ? Mieux vaut goûter le regret nostalgique de certains pays où nous n’irons pas, de certains voyages que nous ne ferons jamais.

— Les Indes !… Le Japon !… Ah ! si j’étais libre !… Ah ! si j’étais riche !… — Tu es libre, tu es riche, et tu ne vas ni aux Indes, ni au Japon…

— Les uns préfèrent explorer sans cesse des contrées nouvelles ; d’autres retourner, chaque fois qu’ils le peuvent, aux lieux qu’ils avaient visités une première fois ; c’est toujours la question de savoir qui vaut le mieux, de lire ou de relire.