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GUIDE DU BON SENS

n’est jamais tout à fait le même qu’au coin de son feu.

— Personne ne se trouve si bien chez soi qu’il n’éprouve, par instant, le besoin d’aller autre part ; même au Paradis terrestre, il n’est pas sûr que le premier homme n’eût pas fini par demander à Dieu d’être chassé, non plus comme punition mais comme récompense, pour voir du pays.

— L’inquiétude humaine, c’est surtout le désir de changer de place.

— Un voyageur peut ignorer la géographie comme un marin ne pas savoir nager.

— Il y a les voyageurs qui ne tarissent pas en récits de voyages, et ceux qui semblent n’avoir rien vu, rien retenu, et à qui il faut, comme on dit, arracher les paroles ; peut-être ces derniers sont-ils les vrais voyageurs, qui, en voyageant, ne songeaient qu’à leur voyage, et non à ce qu’ils en raconteraient au retour.

— Ce n’est pas partir qui est mourir un peu, c’est arriver.

— Content de partir, content de rentrer, —