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GUIDE DU BON SENS

d’être médité, on peut toujours le mettre en vers.

— Vivre d’abord, philosopher ensuite ? La formule est incomplète ; on vit d’abord, ensuite, on fait des vers, et, après cette expérience poétique, alors seulement, en effet, il y a des chances pour que l’on songe à philosopher.

— Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’intellectuels qui n’aient jamais fait de vers, même parmi les philosophes.

— Le volume de vers, par lequel la majorité sinon l’unanimité des écrivains ont débuté dans la littérature, n’est pas toujours leur meilleur ouvrage ; c’est presque toujours le plus sincère ; ce n’est jamais un volume de vers philosophiques.

— Où avez-vous vu que l’homme de bon sens avait un parti pris d’hostilité contre les philosophes et les poètes ? Il ne demande qu’à les aimer, et, par conséquent, à les comprendre, et se déclare prêt pour cela à beaucoup d’application et de complaisance ; encore faut-il qu’eux aussi y mettent du leur ; sinon ne sont-ce pas eux, les philosophes et les poètes,