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GUIDE DU BON SENS

une autre, on dit qu’ils sont atteints d’une aberration de la vue que l’on appelle le daltonisme ; les peintres qui peignent noir ce qui est rose, et ce qui est jaune, violet, on n’a pas l’air de les traiter comme des malades.

— Un amateur de peinture n’est pas forcément celui qui aime la peinture, mais qui en achète ; et à supposer qu’il aime une certaine peinture, ce n’est pas forcément celle-là qu’il achètera, s’il tient à sa réputation d’amateur.

— Si les marchands de tableaux avaient un goût personnel, ils ne tarderaient pas à faire faillite.

— Il n’est que trop vrai que des peintres ont parfois vendu cent sous des toiles qui, par la suite, ont été revendues cent mille francs, et c’est grand dommage ; c’est dommage pour les héritiers du peintre, mais c’est dommage aussi pour les destinées de la peinture, et pour l’erreur de tant de gens qui s’imagineront que, pour qu’une toile vaille cent mille francs, il suffit de l’avoir payée cent sous.

— Ces peintres vous disent qu’ils ne reproduisent pas la nature, qu’ils l’interprètent ;