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GUIDE DU BON SENS

épis, ce ne peuvent être que des frères vagabonds et bohèmes, des frères qui avaient mal tourné.

N’ont-ils pas conservé, en effet, de cette bohème vagabonde de leur existence antérieure, irrégulière et fantaisiste, cette prédilection pour les couleurs vives dont ils s’affublent, le goût des oripeaux trop voyants ?

Les épis et les coquelicots n’étaient pas faits pour s’entendre, et cependant, pourquoi eux aussi ne parviendraient-ils pas à cette entente, puisque, s’il n’est pas toujours exact que, comme on dit, tout s’arrange, il paraît certain qu’en y mettant du sien, on peut toujours s’arranger.

Et les épis, lourds d’expérience et de sagesse, diront aux coquelicots fanfarons, hardis et frivoles :

— Par grâce, poussez-vous un peu, coquelicots, ne prenez pas toute la place ; ce n’est pas le maître du champ qui vous le demande, et nous comprenons bien que sa prospérité vous laisse indifférents, et que, de sa récolte plus ou moins abondante, vous ne vous souciez pas plus que de votre premier papillon. Ce n’est pas lui, cet étranger, qui vous le demande, c’est nous qui vous le demandons, nous, sortis du sol comme vous, ô nos frères les coquelicots !…

Et puis, comme il n’est pas défendu d’ap-