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GUIDE DU BON SENS

débit de chacun ; la solidarité, au contraire, c’est de la fraternité qui est passée par l’École Pigier.

Au juste, on n’a jamais connu que deux frères qui étaient vraiment, pleinement solidaires, solidaires dans tous leurs gestes, sinon dans toutes leurs pensées ; mais ces pensées mêmes pouvaient-elles s’extérioriser par des actes dont l’un et l’autre ne fussent solidaires encore ? Ainsi la pensée de l’un déterminait l’entreprise de l’autre, et cette entreprise était commune à tous les deux. Ces deux frères, c’étaient les frères siamois. La fraternité des frères siamois, celle-là, oui, appelez-la de la solidarité.

Le plus heureux effet de la fraternité est de pouvoir étendre son domaine bien au delà des limites où la solidarité s’exerce, et alors même que rien dans la nature ne semblait devoir rapprocher les intérêts de ceux qu’elle rapproche.

Ainsi les intérêts du coquelicot et de l’épi de blé sont bien contradictoires ; pourquoi l’épi de blé cependant ne fraterniserait-il pas avec le coquelicot ?

Trop souvent l’œil mélancolique du propriétaire du champ voit les coquelicots qui empiètent sur l’emplacement des épis de blé ; d’où viennent-ils ? On ne les a pas semés, certes, avec le blé, et s’ils sont les frères des