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GUIDE DU BON SENS

mes), c’est le mal qu’ils doivent se donner pour satisfaire leur égoïsme et leur méchanceté, alors que sans ce parti pris de méchanceté, sans cette volonté d’égoïsme, ils arriveraient sans doute, à bien meilleur compte et bien plus vite, à un résultat qui, sans dommage pour autrui, serait aussi avantageux pour eux.

Au lieu de crier : « Chacun pour soi ! » si l’on criait : « Chacun pour tous ! » et que l’on ne se contentât pas de le crier, mais que l’on agît en conséquence, le fait que chacun s’efforcerait alors pour tous aboutirait justement, mathématiquement, à ce que les efforts de tous bénéficieraient à chacun.

Et ne serait-ce pas en vérité plus raisonnable ?

En tout cas, l’on est autorisé à dire que c’est cela qui serait fraternel, car il demeurerait bien entendu que chacun s’efforcerait alors de son mieux, et pour le mieux de son voisin, de son frère, sans se soucier de savoir si l’effort de celui-ci est égal ou correspondant au sien.

C’est la différence entre la fraternité et la solidarité que la première est toute dans l’intention et ne regarde pas à sa peine ; elle est, si vous préférez, une sorte de solidarité sentimentale qui n’a cure d’une comptabilité exacte du doit et de l’avoir, du crédit et du