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GUIDE DU BON SENS

pas égaux. C’est du moins le conseil que le bon sens leur donne :

— Toi qui es le plus fort ou le plus riche, que ta force se fasse douceur, que ta richesse se fasse bonté ; cela ne t’empêchera pas de dominer les autres, d’être supérieur aux autres, et d’avoir la meilleure part ; mais on n’est pas obligé de faire sentir trop durement à ceux que l’on domine qu’ils ne sont pas libres, ni à ceux qui possèdent si peu ou ne possèdent rien, que l’on possède tout, ou, en tout cas, beaucoup plus qu’eux. Traite les pauvres et les faibles, non comme s’ils étaient riches ni s’ils étaient forts, mais comme s’ils étaient tes frères, ce qui, d’ailleurs, ne préjuge rien, ni de leur force, ni de leur richesse…

La fraternité a, en effet, ceci de commode, qu’elle n’a pas à se préoccuper des situations acquises, ni de tâcher à les modifier, ni d’en établir de nouvelles ; elle prend les hommes où ils sont et comme ils sont, et leur recommande seulement de se satisfaire de ce qu’ils sont et de ce qu’ils ont, en s’y aidant mutuellement.

Et certes celui qui possède davantage peut toujours aider directement celui qui possède moins ; mais le premier point est que celui qui possède moins ne soit pas jaloux de celui qui possède plus, et que l’envie qui le tient ne le pousse pas à tout bouleverser pour se mettre à la place de l’autre ; car, alors, quand il sera à