Page:Franc-Nohain - Guide du bon sens (1932).djvu/125

Cette page a été validée par deux contributeurs.
121
GUIDE DU BON SENS

il est également nécessaire que d’autres portent, au même instant, ces lampions et ces torches, que l’on appelle précisément les flambeaux : pas de retraite aux flambeaux sans flambeaux.

Et il n’y a pas lieu de se demander à qui incombe le rôle décisif, puisque l’on ne peut concevoir ici la présence des uns sans celle des autres, et que seuls, par exemple, les musiciens ne pourraient ni voir ni être vus, de même que leurs compagnons réclament le concours des musiciens pour que, du plus loin qu’ils viennent, et avant même que l’on ait commencé de les voir, on les entende.

L’humanité, pareille au cortège de la retraite aux flambeaux, sera toujours composée de musiciens, d’une part, et, d’autre part, de porteurs de torches : comment veux-tu, après cela, qu’il y ait égalité entre les hommes ?

La notion d’égalité n’a jamais résisté à l’expérience ; elle ne saurait soutenir une minute de réflexion.

Lorsqu’elle nous propose le total d’une addition, la nature n’est tout de même pas à ce point indigente qu’elle ne soit arrivée à ce total qu’en additionnant les mêmes chiffres aux mêmes chiffres continuellement répétés.

L’égalité est si peu dans la nature que, s’il arrivait qu’elle s’y rencontrât, la nature s’empresserait, comme si elle y voulait mettre une