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GUIDE DU BON SENS

tude qu’on a prise. Et quand on dit que l’on prend une habitude, c’est l’habitude qui vous prend.

Comment pouvons-nous parler de liberté, nous qui vivons prisonniers, esclaves de l’habitude, et de toutes les habitudes, les plus absurdes, les plus saugrenues ? Commençons donc par secouer le joug de l’habitude, avant d’exalter la liberté !…

Ces apôtres de la liberté, qui remplissent le Café du Commerce, demande-leur de renoncer à l’habitude de se réunir au café, à telle heure dite, demande-leur de renoncer à l’habitude d’y boire tel nombre de bocks, d’y fumer tel nombre de pipes, en s’affirmant des citoyens libres !…

Habitudes d’esprit, habitudes de langage, l’habitude s’immisce dans toutes nos façons de penser, de parler, nous ne faisons plus rien sans elle, elle est la plus forte, — et quand nous croyions l’avoir perdue, nous en être débarrassés, comme elle est habile à réapparaître, comme elle excelle à nous ressaisir !

D’être restés pendant plus de quatre ans, que dura la Grande Guerre, à nous coiffer de calots, de bérets, de képis, de casques, mais plus de chapeaux hauts de forme, nous pensions bien qu’après la victoire, l’habitude serait perdue à jamais de cette coiffure ridicule et incommode…