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ÉPITRES.

                  A MON FRÈRE DE PRUSSE. 
                     ÉPITRE PREMIÈRE. 

O Vous, à qui je dois le plus sincère amour, En qui j’aime le sang qui nous donna le jour, De mes plus chers parens la ressemblante image ! Vous qui de leurs vertus héritez l’assemblage, O Frère, en qui je vois briller, avant les ans, Toutes lé qualités qu’ont les héros naissans ! Recevez d’un cœur franc un hommage sincère, La vérité vous parle, elle a droit de vous plaire. Votre esprit par les arts dès l’enfance éclairé, De l’orgueil d’un grand nom ne s’est point enivré ; De vos aïeux fameux, que nous vante l’histoire (a), Vous ne prétendez point emprunter votre gloire ; Toute gloire étrangère est indigne à vos yeux : La vertu, les talens ont-ils besoin d’aieux ? Le courage d’Albert qu’on surnomme l’Achille, N’est pour ses descendans qu’une leçon utile ; Celui qui de Nestor mérita le surnom, Et ce prince éloquent qu’on nomma Cicéron, Ont reçu pour eux seuls ce tribut légitime Qu’aux talens, aux vertus doit la publique estime ; Mais il ne passe point à la postérité : Qui veut avoir un nom, doit l’avoir mérité.

(a) Voyez les Mémoires pour servir à l’Histoire de la Maison de Brandebourg.