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« Il le nourrit de sucre ou d’excellent biscuit :
« Tandis qu’en ce maudit village,
« À coups de feu l’on me poursuit,
« Que j’erre comme un misérable,
« De cent caresses on l’accable.
« Sort cruel, où m’as-tu réduit ?
« Que ne suis-je né son semblable !
Notre gentil Serin, quoique sans truchement,
Comprit maître Moineau, je ne sais trop comment :
Un Serin du bel air, qui vit dans le grand monde,
Fût-il même tant soit peu sot,
Doit deviner à demi-mot
Les autres oiseaux de la ronde.
Il répondit au gros Moineau,
Dans son dialecte d’oiseau :
« Ami, ta cervelle est timbrée,
« Parlant avec esprit, mais tu raisonnes mal :
« Ma cage richement dorée
« Te rend en secret mon rival ;
« Ah ! dans la plus superbe cage,
« Ces fers et ma captivité
« Me font sentir le poids d’un pénible esclavage.
« Que m’importe la vanité ?
« Sois satisfait de ton partage :
« Point de bonheur sans liberté. »