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À nos pieds le steamer bondé de voyageurs,
Hissant de ses fanaux les sanglantes rougeurs,
Ainsi que des reflets de brûlante oriflamme,
Dans la pénombre, au loin, fait brasiller la lame.
Et puis, par-dessus tout, un beau ciel étoilé
Faisant, cintre d’azur de points d’or constellé,
Comme un dôme féerique à ce sombre estuaire…

Derrière nous, dans l’ombre, un petit sanctuaire,
Temple paroissial de cet obscur canton,
Ouvrait son humble seuil au lieu même où, dit-on,
Quatre siècles passés, sur un autel rustique,
Pendant que le refrain de quelque vieux cantique
Étonnait les échos de ces monts inconnus,
Devant Cartier et ses bardis marins, venus
Pour arracher ces bords aux primitifs servages,
Pour la première fois sur ces fauves rivages,
Un vieux prêtre breton, humble médiateur,
Offrit au Dieu vivant le sang du Rédempteur.[1]

  1. Comme les historiens ne sont pas d’accord sur l’endroit où s’est dite la première messe au Canada, l’auteur a préféré s’en rapporter à une vieille tradition, très plausible du reste, qui veut que cette cérémonie ait eu lieu au confluent du Saguenay et du Saint-Laurent, où s’élève aujourd’hui le village de Tadoussac. Ce fut d’ailleurs à cet endroit que fut construite la première chapelle.