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Les reflets du printemps argentent ses huniers ;
Sur sa poupe, au soleil, paisibles timoniers
— Car la concorde enfin a complété son œuvre —
Consultant l’horizon, veillant à la manœuvre,
Se prêtent tour à tour un cordial appui
Les ennemis d’hier, les frères d’aujourd’hui !

Deux vaisseaux de haut bord, à la vaste carène,
Promenant sous les cieux leur majesté sereine,
Avec son équipage échangent, solennels,
De moments en moments des signaux fraternels.
Du haut de la vigie, un mousse a crié : Terre !
Et, sous les étendards de France et d’Angleterre,
— Fiers d’un double blason que rien ne peut ternir,
Nos marins jettent l’ancre au port de l’avenir ![1]



  1. Cette pièce se trouve en tête de la dernière édition de l’Histoire du Canada par François-Xavier Garneau, et est accompagnée de l’envoi suivant :

    Et toi, Garneau, salut ! salut à ta mémoire,
    Fidèle historien de toute cette gloire !
    Poète enthousiaste et modeste érudit,
    Au-dessus de ce cadre immense et poétique,
    Ainsi qu’un médaillon antique,
    Ton mâle profil resplendit !

    Tu chantas nos exploits ; nos héros, tu les comptes ;
    Avec quel sentiment d’orgueil tu nous racontes
    Le passé de ce peuple héroïque et chrétien !…
    Mais, parmi les grands noms exhumés par ta plume,
    Il en manque un dans ton volume,
    Et ce nom, Garneau, c’est le tien !

    Eh bien ! nous l’y mettrons, nous, tes humbles disciples !
    Ton génie a tressé des couronnes multiples
    Pour tous nos Marius et pour tous nos Catons :
    Nous voulons — droit sacré, dettes nationales ! —
    Que ton nom vive en nos annales,
    Et se lise à tous nos frontons !