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Après plus de sept ans de gloire et de souffrance,
Ne voyant arriver aucun secours de France,
Dans sa détresse amère avait capitulé.

L’orgueilleux ennemi même avait stipulé,
― La rougeur à ma joue, hélas ! en monte encore, ―
Que le lendemain même, au lever de l’aurore,
Nos défenseurs, parqués comme de vils troupeaux,
Au général anglais remettraient leurs drapeaux.
Leurs drapeaux !...

                          Ces drapeaux dont le pli fier et libre
Durant un siècle avait soutenu l’équilibre
Contre le monde entier, sur tout un continent !
Ces drapeaux dont le vol encor tout frissonnant
Du choc prodigieux des grands tournois épiques,
Cent ans avait jeté, des pôles aux tropiques,
Son ombre glorieuse au front des bataillons !
Ces drapeaux dont chacun des sublimes haillons,
Noir de poudre, rougi de sang, couvert de gloire,
Cachait dans ses lambeaux quelque nom de victoire !
Ces étendards poudreux qui naguère, là-bas,