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Ægipan, ce Triboulet, cet irrésistible amuseur de Cirque, affecte la tournure hautainement désinvolte, la prestance cavalcadeuse d’un officier de la garde impériale. Et c’est sans doute ce qui explique que, de même qu’en les pièces de Plaute il est constamment question d’Athènes, du Pirée, de Rhodes, d’Éphèse, de la Sicile (et que, pourtant, il est notoire que tous les actes de ces comédies, toutes leurs scènes se passent à Rome), — de même il est manifeste que tous les poèmes de Fourest, tous les décors qu’ils évoquent, l’île de Tamamourou, le bord du Loudjuji, le Lac des Libellules, se situent dans l’empire français.

Exotiques ou nationaux, ces poèmes regorgent de beautés et de Beauté. Cela seul importe.

Le plus vaseux des critiques, l’auteur des Samedis littéraires lui-même, ne pourrait qu’admirer, si jamais il ouvrait ce livre, l’alexandrin de Georges Fourest, nombreux, rimé dru, assez sonore pour réveiller des auditeurs gorgés de véronal, de trional, de sulfonal ou d’Ernest-Charl. Parfois, ce vers fait songer, par son bondissement rythmique, aux meilleures Odes funambulesques, à celle, par exemple, où Théodore de Banville, échappant à l’obsession de la rime-calembour, traçait l’inoubliable croquis de « ce groupe essentiel » :


Monsieur Courbet grimpant sur une diligence
Et sa barbe pointue escaladant le ciel.


En certaines strophes, la « Singesse » semble s’appa-